Le Ciboire

Ce ciboire a également été présenté lors de l’Exposition de l’Art Sacré en Deux – Sèvres ,en 1999 Année du Patrimoine. Il figure dans le catalogue  édité par les Musées de Niort et le Conseil Général des D-S :  Orfèvreries religieuses du XVI – XVIIIe siècle Tome 1.

Cette  superbe pièce a été fabriquée à Paris au XVII ème siècle (1665-1666) par un maître orfèvre anonyme. Elle est en argent repoussé, ciselé, doré, cuivre repoussé, gravé, soudé et doré.

Les dimensions de ce ciboire sont :

– H : 25 cm – diamètre du pied: 13,5 cm – diamètre de la coupe: 13,5 cm

Poinçons : 

Les poinçons sont difficilement lisibles

1/ Maître orfèvre : sous le pied, sous le couvercle, la coupe FB (?) avec 2 grains de remède au dessus de part et d’autre d’une fleur de lis montée sur un piétement et surmontée d’une petite couronne ouverte, maître parisien non identifié.

2/ Poinçon de jurande de paris :  V couronné avec les branches barrées pour la période  15 juin 1665 au 21 juin 1666.

Bien qu’appartenant à un modèle largement répandu au XVII ème siècle, le ciboire, rare à cette époque dans nos régions, présente ici un intérêt exceptionnel en raison du décor très particulier et fort soigné dont il a fait l’objet. En effet, si le pied à larges feuilles nervurées de perles présente aussi une moulure classique d’oves , les deux collerettes à godrons remplacent les habituelles bagues de perles. Le nœud en poire renversée, largement évasé, s’orne de trois têtes d’angelots en décors d’applique et en très fort relief alternant avec des chutes de fruits.

Le couvercle assez aplati présente, à son sommet, un mamelon où alternent feuilles nervurées amaties et cabochons ovales brunis, le tout sommet d’une croix vissant par une douille filetée, avec collerette à godrons plantée d’une croix;

Tout ce décor serait classique si l’ensemble du vase, pied, coupe et couvercle, n’avait été enrichi d’une très délicate décoration, en applique, de motifs symétriques végétaux découpés, volutes, fleurons et galons, en cuivre rouge, entièrement rehaussé de gravure et doré.

Ce procédé de décoration utilisé aussi systématiquement, vise le même effet  que les guipures, broderies  ou applications de dentelles de la même époque. il se remarque aussi, sur les deux autres pièces ayant fait partie du même ensemble à l’origine (Calice , patène, ciboire) et désormais partagé entre deux églises de paroisses voisines. Leur  contemporanéité est attestée par la présence du même poinçon de maître-orfèvre avec un décalage d »un an seulement entre la fabrication du ciboire (lettre V pour Paris 15 juin 1665 au 21 juin 1666) et celle du calice (lettre X pour 1666 – 1667). Par ailleurs calice et ciboire portent, comme le plateau qui les accompagne avec ses burettes, les mêmes armoiries d’alliance. Celles-ci sont finement gravées sur une réserve du fond argent du pied du calice le reste du vase étant totalement doré.

Il reste à savoir comment ce décor exceptionnel a pu être fixé sur les 2 vases et la patène du calice.

Aucune soudure par apport de métal n’est visible et ce procédé est à exclure compte tenu du travail énorme et pratiquement irréalisable qu’il aurait nécessité pour apporter le matériau de soudure tout au long des motifs découpés. Le rivetage n’aurait pas mieux convenu. En fait, un examen très poussé permet de constater que cette décoration est exécutée en une seule pièce découpée dans le cuivre, ce qui constitue déjà une véritable prouesse mais permet d’assurer avec succès l’opération suivante la mise en forme sur le vase. Cette dernière consiste à faire épouser parfaitement à l’ensemble des motifs, solidaires, le galbe du vase par simple pression et léger martelage. Il reste alors à fixer définitivement ce décor sur le support d’argent. La seule hypothèse qui, à nos yeux du moins, puisse expliquer la perfection de l’adhérence de l’un sur l’autre, et en tous points, serait la suivante : c’est par la couche de dorure finale que s’opère la soudure en chauffant la pièce à orner par dessous ce qui suffit à fixer du même coup, par la fusion de la très faible couche d’or, les motifs de cuivre conducteur de la chaleur. Cette opération ne présente aucune complication particulière puisqu’elle exploite tout simplement le procédé courant de la dorure au mercure. Celui-ci consiste précisément dans le fait de frotter l’ensemble des surfaces à dorer avec des boulettes d’amalgame d’or et de mercure et de fixer l’or sur le métal support en chauffant. Il semble donc que ce procédé permette aussi de souder uniformément un décor d’applique.

Ce type de vase correspond à un modèle largement répandu dans l’orfèvrerie française du XVII ème siècle jusque dans la première moitié du siècle suivant. Son décor unique lui donne ici un intérêt particulier.

Les armoiries d’alliance sont pour l’une : parti en un de Sainte-Maure et en deux de Chateaubriand et pour l’autre partie en un d’Angennes et en deux de Vivonne. Elles sont figurées sur un manteau de pair de France, sommées d’une couronne ducale et entourées des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit.

Pied du ciboire et ses Armoiries