La Maupetitière : un jeune couple tué dans les guerres de Vendée.

Pugny a perdu environ 40% de sa population entre août 1792 et la fin 1795. Nous allons ci-dessous vous faire découvrir les conditions de la disparition d’un jeune couple dont les orphelins vont survivre à cette terrible période.

Pierre Guérineau et Marie Réchard se sont mariés le 17 août 1790 à Pugny. Ils y ont ensuite habité avec la famille de la mariée au village de la Maupetitière.

Pierre Guérineau est né le 23 octobre 1762 à Secondigny dans une famille de meuniers. Son père, Jean, s’y est marié à Marie Gautier en 1753. Ils ont eu au moins 6 enfants parmi lesquels Louis, né en 1758. En 1788, Marie Gautier, devenue veuve, s’est remariée à Saint Hilaire de Voust (Vendée).

Marie Anne Réchard  est née le 3 septembre 1772 à Pugny. Fille de Jacques Réchard bordier né au Breuil Bernard et Marie Jeanne Violeau, Ils ont eu au moins 4 enfants dont 3 filles prénommées Marie Jeanne ou Marie Anne.

Pierre et Marie Jeanne Guérineau ont rapidement une petite fille, Marie Jeanne,  née le 30 mai 1791 à Pugny.

La guerre arrive au printemps 1793. Les familles Guérineau et Réchard ont pour voisins à la Maupetitière la famille Coigny. dont un des fils devient le capitaine de la 1ère compagnie de Pugny dans l’armée vendéenne.

Pierre Guérineau a probablement été un de ses compagnons d’armes. Fin 1793, alors que l’armée vendéenne a été détruite outre Loire, il est arrêté et emmené à Niort. Pour une raison inconnue, il est mentionné comme étant de Saint Hilaire de Voust(85), là ou habite sa mère. Il a été guillotiné début 1794 avec un groupe de soldats vendéens qui n’ont pas été jugés à Niort. On ignore pourquoi.

Son frère  Louis Guérineau, probablement arrêté en même temps, est mort le 1er mars 1794 dans les cachots du donjon de Niort, dont les conditions sanitaires étaient alors désastreuses. Les deux frères sont donc décédés à quelques jours d’intervalle.

Acte de décès de Louis Guérineau le 12 ventôse an 2 au donjon de Niort. . AD 79 Niort décès 1793-1794 vue 113/134. Son origine de la commune de Pugny est très clairement mentionnée.

En ce terrible hiver 1794, Marie-Anne, veuve de Pierre Guérineau, est enceinte. Elle accouchera d’un fils, Jean-François Pierre,  le 8 août 1794 à Pugny. La guerre n’est alors pas terminée. Pugny va encore vivre des moments dramatiques dont il semble que Marie-Anne Guérineau va être la victime dans des circonstances inconnues.

Ses deux enfants vont survivre, probablement élevés par leur oncle Jean Guérineau (1773-1854).

Marie-Jeanne Guérineau se mariera en 1813 à La Chapelle Saint Laurent avec Louis Sicot. Sur son acte de mariage ses parents sont notés comme décédés tous les deux en 1796 (ce qui est forcément faux pour le père).

Jean-Pierre Guérineau se mariera en 1815 à Chanteloup avec Marie Jeanne Bodin. Sur son acte de mariage ses parents sont mentionnés comme « tués dans les troubles de la Vendée ».

« … sont comparus Jean Pierre Guérineau, domestique en cette commune, âgé de 20 ans, né en la commune de Pugny le 8 août 1794, d’après les pièces qui nous ont été transmis, mineur, fils de Pierre Guérineau, bordier de son vivant, et Marie Richard, tué dans les troubles de la Vendée d’après l’attestation des quatre témoins ci-après ». AD 79 Chanteloup Mariages 1803-1835 vue 87/208

De nombreux Guérineau vivent encore aux alentours de Pugny. D’après nos recherches généalogiques, ils descendent tous de cette famille de meuniers originaire de Secondigny.

Nous devons cet article à notre ami Jean-Pierre Mortaud, descendant de Jean-Pierre Guérineau, qui nous a fait part des documents sur ses ancêtres. Nous le remercions bien chaleureusement. Sans son acharnement à recouper diverses sources et informations, cette histoire serait tombée  à jamais dans l’oubli.

Cela illustre parfaitement  la grande difficulté à reconstituer l’histoire locale des guerres de Vendée  s’il n’y a pas de demandes de pensions d’anciens combattants ou de veuves. C’est ainsi toute une partie des victimes de cette horrible période qui s’évanouit dans le brouillard du temps.

J-Philippe Poignant