Louis Fradin est né au Breuil Bernard le 9 mai 1736. Il est le 4ème enfant des 5 qu’ont eu ensemble Jacques Fradin et Marie Branchu. , Tous ses frères et sœurs sont nés à Pugny. Seuls trois garçons de la fratrie survécurent, Louis et ses frères Jacques et Pierre.
Enfants d’un couple protestant, les circonstances de l’abjuration et de la réhabilitation du mariage des parents font que l’éducation religieuse de la fratrie a probablement été particulièrement surveillée par les curés du Breuil Bernard et de Pugny.
En ces temps de forte répression, la moindre incartade pouvait entraîner l’enlèvement des enfants aux parents « indignes ». On ne trouve aucun acte pouvant faire douter du bon comportement catholique des enfants Fradin.
Un mariage avec la fille d’une famille de commerçants
Le 9 février 1768, Louis Fradin se marie avec Catherine Paynot, âgée de 30 ans, fille d’Antoine Paynot, dit de la Bardonnière, commerçant décédé de Clessé.

D’une famille aisée, Catherine descend de plusieurs familles de notables des environs :
- les Thourayne, marchands de La Chapelle Saint Laurent
- les Gentils, aussi marchands à Clessé
- une autre famille Fradin, sans lien proche avec celle de son mari, qui a produit plusieurs notaires, à Moncoutant et Largeasse
- la famille Puichaud qui descend d’une grande famille d’hommes de lois de la baronnie de la Forêt sur Sèvre.
Le niveau social des mariés se remarque par les nombreuses signatures de l’acte de mariage, qui tranche avec celui des paysans, pour la plupart illettrés.
La sœur de Catherine Paynot, Marie Anne, se mariera également en 1768 à Chanteloup avec le marchand Jacques Maupillier. En 1777, elle deviendra la mère d’un autre Jacques Maupillier, futur soldat vendéen qui inspirera Philippe de Villiers pour la cinéscénie du Puy du Fou.

Une nombreuses descendance
Louis et Catherine eurent ensemble 8 enfants dont 6 vécurent, leur assurant une très nombreuse descendance dont une partie habite toujours Pugny et ses environs.
Personne | Date de naissance | Conjoints | Date de l’union | Date de décès | |
---|---|---|---|---|---|
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09/05/1736 | ![]() |
09/02/1768 | 10/04/1794 | |
Enfants | |||||
1. | ![]() |
vers 1768 | ![]() |
02/07/1788 | 22/10/1853 |
2. | ![]() |
15/08/1770 | ![]() |
09/08/1793 | 18/04/1834 |
3. | ![]() |
24/07/1772 | |||
4. | ![]() |
02/05/1774 | ![]() |
16/07/1795 | 29/09/1823 |
5. | ![]() |
06/03/1776 | ![]() |
21/06/1796 | 25/10/1847 |
6. | ![]() |
03/03/1778 | ![]() |
22/04/1800 | 07/10/1853 |
7. | ![]() |
01/09/1780 | |||
8. | ![]() |
10/09/1782 | ![]() |
02/11/1801 |
Un notable qui participe activement aux institutions locales
Louis Fradin va devenir au fil des années un notable de la paroisse.
Ainsi, on trouve en 1782 sa signature au côté du marquis de Mauroy sur l’acte notarié qui marque la décision de l’assemblée paroissiale de construire un nouveau presbytère.

La révolution de 1789 transforme les paroisses en communes dirigées par un conseil général, vite appelé conseil municipal. Élu pour deux ans et renouvelable annuellement par moitié, les électeurs sont les citoyens payant l’équivalent de dix journées de travail en impôt direct. Pour Pugny, le nombre de conseillers était de 6, parmi lesquels étaient choisis 3 officiers municipaux. Le maire était désigné par les électeurs pour 2 ans renouvelables.
Le 3 juin 1790, fut effectuée une perquisition par la garde nationale de la Chapelle Saint Laurent au château de Pugny suite à des soupçons d’accaparement spéculatif de blé et de détention d’armes par le marquis de Mauroy. Dans le procès-verbal, on voit que Louis Fradin était alors un des 3 officiers municipaux de la commune.
La guerre
On ignore si Louis Fradin fut un observateur passif ou un acteur engagé de la révolte de 1792 et du début des guerres de Vendée. Toujours est-il que sa fille Marie s’est mariée à Pugny le 9 août 1793 à Louis Texier laboureur âgé d’environ 30 ans.
Nous sommes alors en pleine guerre, à une époque où le bocage bressuirais est encore pour quelques semaines à l’abri des destructions des armées républicaines. Ce mariage célébré par le curé réfractaire Guillon, ne laisse aucun doute sur la sensibilité favorable au soulèvement de Louis Fradin.
Une des particularités des registres paroissiaux de Pugny pendant les guerres de Vendée est de n’avoir aucune coupure durable malgré les événements dramatiques. Seuls quelques feuillets datent de 1794, alors que le curé Guillon se terrait dans la clandestinité. On y trouve le 10 avril 1794 l’acte de sépulture de Louis Fradin, décédé la veille, enterré en présence de son gendre Louis Texier, de son voisin Pierre Grellier et de son cousin Jacques Sionneau.
Les circonstances de la mort de Louis Fradin
Au printemps 1794, le bocage était soumis aux exactions républicaines. La population se réfugiait dans les bois à la moindre alerte. Elle était sans nouvelle de ses parents, frères, fils ou voisins arrêtés en novembre et décembre 1793. Elle ignorait s’ils avaient été fusillés, guillotinés ou étaient en train de croupir dans des cachots surpeuplés.

AD 79 BMS Pugny 1792-1804 Vue 4/175
Qu’est-il arrivé à Louis Fradin? Le croisement de la demande d’aide à la reconstruction par son fils René Fradin en 1811, et la demande de pension de veuve de Catherine Paynot en 1816, nous indique qu’il a probablement été tué le 9 avril 1794 par la colonne républicaine qui a alors incendié sa maison et le bourg de Pugny.
Ces mêmes troupes bleues seront écrasées par les soldats paysans vendéens commandés par Marigny le 18 avril à Boismé. Dans le récit de ce combat paru en 1874, l’abbé Augereau, curé du Boupère mentionne que l’on acheva un cavalier républicain blessé qui refusait de se rendre.
On trouva son porte-manteau remplit d’argent issu des pillages de cette colonne…


J-P. Poignant
Merci à Régine Munier qui m’a permis d’identifier la famille de Louis Fradin. Merci également au Pasteur Vatinel, qui m’a fait découvrir l’histoire protestante locale et à Raymond Deborde qui m’a transmis le contrat de mariage, l’acte de construction du presbytère de Pugny en 1782 et m’a permis de comprendre les circonstances de la mort de Louis Fradin.
Sans l’esprit de partage et de coopération de notre groupe de passionnés, la redécouverte du destin de la famille Fradin aurait été impossible.