Monsieur Jean-Pierre Mortaud, qui est originaire de notre bocage, a bien voulu nous autoriser à publier un document qu’il a rédigé pour ses proches au sujet de lointains cousins canadiens. En effet, il a découvert qu’un couple de Pugny de sa famille a émigré en deux temps (1739 et probablement 1741) vers Montréal, au Canada. Nous le remercions bien vivement de nous avoir fait partager cette trouvaille.
Il s’agit du couple Jean Payrault et Marie Guérineau. Ce couple s’est marié à Pugny le 28 novembre 1730. Jean Payrault était tisserand à la Forge de Pugny, Marie Guérineau était de la Vergne du Breuil Bernard.

Ils ont eu un premier enfant, Jean Payrault fils, né à La Forge le 19 septembre 1731.
Un second acte de naissance du 27 décembre 1739 nous annonce la naissance d’une fille, qui ne vivra que 8 jours, mais surtout nous apprend par une mention très particulière du curé que « Le père de ladite fille n’est plus en France. Il est dans le Canada autrement la nouvelle France ce qui embarrasse beaucoup la mère ». Jean Payrault est donc parti probablement durant l’été 1739 pour le Canada en laissant seule sa femme qui est enceinte avec son fils de 8 ans !

Marie Guérineau partira à son tour avec son fils en 1740 ou 1741 rejoindre son mari. Deux filles, Marie Jeanne et Elisabeth, naîtront de leur retrouvailles à Montréal en 1744 et 1745.
Jean Payrault, désormais surnommé « Poitevin » décédera le 3 août 1754 à Montréal, à l’âge de 52 ans. Marie Guérineau lui survivra 23 ans et décédera également à Montréal le 2 août 1777 à 66 ans.

Leurs trois enfants se marieront et fonderont une famille à Montréal ou dans les environs. Jean Perrault fils (il s’agit de l’orthographe québécoise) décédera en 1809, les filles Marie Jeanne en 1803 et Elisabeth en 1782.
Nous saluons bien chaleureusement les cousins d’outre atlantique qui sont leurs descendants.
Monsieur Mortaud, dans son document, émet l’idée de la répression du protestantisme dans le bocage comme cause de l’émigration du couple Payrault-Guérineau. Nous avons partagé cette possibilité avec notre ami le pasteur Vatinel que nous remercions de ses recherches. Cette hypothèse ne semble pas la bonne car on ne retrouve dans les familles Payrault-Guérineau aucun proche identifié comme protestant ou converti. En plus le Canada n’était alors pas vraiment une terre d’accueil pour les huguenots dont la religion y était également interdite.
C’est donc probablement l’envie d’échapper à une vie difficile ou sans perspective qui a poussé le couple à l’émigration. Les Payrault ont supporté une longue séparation familiale et les dangers d’une traversée de plusieurs mois pour réaliser leur rêve.
J-P Poignant
Document « Une tante au Canada par M. Jean-Pierre Mortaud »